24 Mai

Transistors

Tu sais, malgré le beau soleil qui frappe Montréal de bonheur et de Xavier Dolan qui vient de remporter le prix du Jury à Cannes, j’ai mon down aujourd’hui. J’essaie, j’essaie et j’essaie, en vain, de garder la tête haute, de me dire que ça va aller. Mais t’sais, y a rien de plus effrayant que de regarder devant et ne rien voir. Les deux pieds sur bord du récif à s’imaginer qu’il y a peut-être un pont imaginaire comme dans Indiana Jones… Le sentiment de tout perdre. D’avoir tout perdu, d’avoir tout à perdre. Se répéter que notre vie ne fait aucun sens.

En réalité, elle ne fait aucun sens, on lui donne un sens.

Capitaine de notre propre bateau à la dérive, on choisi à l’aveuglette quel cap et on rame en espérant que la prochaine île soit meilleure que la précédente. On se donne de nouveaux buts car ça bâti notre monde, et quand on s’en éloigne d’eux, on les remet en question à chaque micro-seconde qui passe. On fige comme un chevreuil qui fixe les feux d’un SUV qui s’envient vers lui, et on a le goût de lâcher, de prendre le coup en plein gueule. À croire qu’on se sent bien à bout de souffle, le pied sur le bord du gouffre et l’autre qui devine ce qui s’en vient.

Puis arrive un sketch de François Pérusse où ça parle de clémentines ou encore une toune des Trois Accords qui te parle d’une nuit de la poésie… et j’arrête de brouiller du noir, car le noir, tout comme l’extrême blanc, ça m’empêche d’avancer quand il prend le dessus. La route de nos vies est un ensemble de différentes teintes.

C’est correct d’être triste, d’avoir peur, de pleurer sa shot dans sa douche, dans le métro, dans son lit, dans le parc en voyant une famille heureuse. C’est ce qui fait qu’on aime, qu’on se permet de ressentir des choses, d’aimer. Quand on s’aventure quelque part, il faut tenir compte qu’on risque d’avoir mal, d’être surpris, d’avoir le goût d’abandonner. Il n’y a pas de routes parfaites et c’est ce qui nourrit l’expérience de la vie. C’est pour ça que les plus beaux voyages ne sont pas ceux d’une carte postale ou d’un deux semaines dans le sud à Pouertâ-machin-chouette, mais bien ceux qui, après 4 jours sur la route, nous font faire une crise d’angoisse tellement on a le goût d’être dans nos affaires avec nos repères. Ce moment quand tu entres dans le Jardin du Luxembourg à Paris avec Into Giants de Pat Watson dans les oreilles, les yeux qui brûlent de chaudes larmes à te demander ce que tu fouts exactement à flamber autant d’argent pour être triste à l’étranger. Mais je vie. Hein. Je vie. Je sors de ma zone de confort, là où la magie [apparemment] arrive. Hashtag de proverbe…

Ça demande du courage de l’accepter et du caractère. Ceux qui survivent, ce sont ceux qui après avoir pleuré leur shot, se relève pis se disent : « Allez, who’s next motherfucker? ».

L’arrogance de ne pas s’en laisser imposer, surtout pas par notre coeur, par nos peurs. Tu sais ces peurs qui te font croire que la vie est contre toi et que les plus belles années sont derrières. Que la vie est un fleuve de marde qu’on traverse la bouche ouverte [tiré de Sébastien Decelles, un ami du secondaire qui aimait la belle prose fécale]. Moi je dis, Fuck off petite voix manipulatrice.

Allez, relève toi, sois fière, sois fier, et dis toi que chacun a sa route. Tant mieux si elle ne ressemble pas à celles des autres, sinon tu aurais aucune excuse de t’être perdu.

Laisser un commentaire
Your email address will not be published. Required fields are marked *

*